Bipolaire au travail : entre stigmatisation et force interieure

Pierre GUENNAZ

Parole de témoins, décryptage, et plaidoyer pour une nouvelle vision sur la bipolarité

"Je ne suis pas instable, je suis bipolaire. Et je travaille deux fois plus pour qu'on oublie ce mot."


Clara, 29 ans, community manager dans une grande entreprise, a longtemps caché son diagnostic.

J'ai été diagnostiquée à 24 ans. La premiere chose que j'ai faite ? Le cacher à mon manager. Peur du regard, peur de perdre ma place. Pourtant, je suis plus rigoureuse que beaucoup : je surveille mon sommeil, je planifie tout, je suis suivie.

Mais dire “je suis bipolaire” au travail, c'est comme dire “je suis imprevisible”. Alors je me suis tue.

Comprendre simplement la bipolarité

Le trouble bipolaire est un trouble de l'humeur qui entraine des fluctuations intenses : des phases dites maniaques (euphorie, hyperactivité, impulsivité) et des phases dépressives (fatigue, tristesse profonde,

ralentissement).


C'est une maladie neurologique et psychiatrique, qui peut etre traitée, stabilisée et accompagnée avec succès.


Il existe plusieurs types de bipolarité, et chaque personne vit ce trouble differemment. Ce n'est pas un défaut

de caractèe, ce n'est pas un caprice, ce n'est pas une faiblesse.

Stigmatisation au travail et dans la sphère sociale

Malgré les avancées en santé mentale, la bipolarité reste tres stigmatisée, notamment dans le monde du travail :

- Perceptions courantes : imprevisibilité, dangerosité, instabilité émotionnelle.

- Conséquences : mise à l'écart, refus d'embauche, discriminations non dites, rumeurs, infantilisation.

- En réponse : beaucoup de personnes bipolaires prefèrent cacher leur diagnostic, au risque de s'isoler ou de se suradapter.


Dans le monde social, les regards sont souvent mélangés entre fascination, gêne et méconnaissance.

Beaucoup associent encore le trouble à des comportements extrêmes ou violents, alimentés par les clichés médiatiques.

Deux témoignages croisés

Sandrine, RH dans une entreprise tech :

Quand un salarié m'a parlé de son trouble bipolaire, j'ai eu un moment de panique. Pas par jugement, mais par ignorance. J'ai eu peur qu'il explose, qu'il parte sans prévenir. Mais en discutant avec lui, j'ai compris que c'est

quelqu'un de tres organisé, qui connait bien ses limites.

J'ai compris qu'il avait simplement besoin d'un cadre clair. Depuis, on échange regulierèment. J'ai appris à adapter ma posture.


Nassim, 36 ans, travailleur social diagnostiqué à 19 ans :

Le plus dur, ce n'est pas la maladie. C'est le regard des autres quand tu dis le mot “bipolaire“.

Certains te prennent pour un héros, d'autres pour un fou. Moi je veux juste etre normal, faire mon travail, eêtre reconnu pour mes compétences. Ce que j'attends, ce n'est pas de la pitié, c'est de la confiance.

Une force intérieure à reconnaître

Il est temps de repenser notre regard sur la santé mentale, notamment dans le monde professionnel.

Une personne bipolaire n'est pas un danger, elle est une personne avec une particularité, souvent dotée :

- d'une grande sensibilité,

- d'une capacite d'analyse fine,

- d'un instinct créatif,

- et d'une force d'adaptation hors norme.

Intérieur Nuit de Nicolas Demorand, pour en finir avec la honte

Dans cet ouvrage sensible et lucide, Nicolas Demorand explore avec sincerité sa propre traversée de la dépression.

Il met en lumiere les tabous persistants autour des troubles mentaux, et la culpabilité qui les accompagne souvent, surtout chez ceux qui evoluent dans des milieux exigeants.

Un livre qui resonne avec les temoignages ici presentes, et qui participe à faire tomber les masques.

"Je suis un malade mental." Coprésentateur de la matinale de France Inter, c’est par ces mots que le journaliste Nicolas Demorand vient de rendre publique sa bipolarité.

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