Journée Mondiale de l'Autonomie 2025

Pierre GUENNAZ

Autonomie : la grande illusion française

5 mai 2025, France. Sur le calendrier républicain, le 5 mai est devenu un marronnier ministériel : journée mondiale de l'autonomie.


Slogans, hashtags, photos de ministres en visite dans des ESAT. Et toujours cette rengaine :"Nous avançons."  Mais pour 12 millions de personnes en situation de handicap en France, l'autonomie n’est ni acquise ni garantie. 

Elle est suspendue à des décisions administratives, médicales, politiques - parfois même arbitraires.

Autonomie" : mot creux, vies rétrécies

En réalité, l'autonomie promise se heurte a une logique de contrôle. Pour choisir ses études, il faut être "orienté" par la MDPH.


Pour travailler, il faut "prouver" sa capacité. Pour se loger, encore faut-il trouver un appartement accessible - à Paris, c'est à peine 6 % du parc immobilier qui l'est réellement, selon le Défenseur des droits.


Dans son rapport 2024, l'ONU dénonçait encore “la persistance d'un modèle médico-social archaïque”, appelant la France à respecter la Convention relative aux droits des personnes handicapées qu'elle a pourtant ratifiée en 2010. “On ne nous laisse pas faire des choix, on nous les prescrit” - Alice, 26 ans, en fauteuil roulant, diplômée, sans emploi depuis 3 ans.

Des chiffres qui accusent

• Chômage : 12 % des personnes en situation de handicap sont sans emploi, contre 7,5 % dans la population générale.


• Emploi privé : les entreprises n'emploient en moyenne que 3,5 % de travailleurs handicapés, bien en dessous du quota légal de 6 %.


• Logement : seuls 18 % des logements sont accessibles, et à peine 6 % réellement adaptés.


• Accès aux études supérieures : à peine 1 % des étudiants sont en situation de handicap.


• Culture et sport : plus de 560 000 établissements recevant du public restent inaccessibles. “J'ai voulu aller au théâtre. On m'a dit de venir avec un proche pour m'aider a m'installer. C'est ça, l'autonomie culturelle ?” - Karim, 34 ans, non-voyant.

Un système sous tutelle permanente

Le cœur du problème ? Une vision descendante du handicap. Le système français continue de penser pour, d'agir à la place, de décider au nom des personnes concernées.


Loin de l'autodétermination revendiquée par les collectifs, la logique dominante reste celle de la dépendance gérée, encadrée, parfois institutionnalisée à vie. “On ne parle jamais de nos projets. On nous demande de justifier pourquoi on mérite de vivre dans la société.” - Emma, étudiante sourde.

Un système sous tutelle permanente

• Revalorisation de l'AAH et réelle déconjugalisation.


• Accessibilité universelle obligatoire avec sanctions.


• Inclusion scolaire et universitaire encadrée par un vrai plan d'investissement.


• Accompagnement à la vie autonome avec des dispositifs personnalises pilotes par les personnes concernées.


Mais ces mesures, connues, attendent depuis des années dans les tiroirs de l'Etat. Comme si la volonté politique était elle aussi... en situation de handicap.

Conclusion

Ce 5 mai, nous ne voulons pas de commémoration. Nous exigeons du concret. L'autonomie ne se célèbre pas. Elle se construit, elle se défend, elle s'arrache.

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