Indignité au Sénat

Pierre GUENNAZ

La droite et l’extrême droite, main dans la main contre le handicap

Parfois, la démocratie prend un virage grotesque. Cette semaine au Sénat, c’est un fauteuil roulant qui a dérangé l’ordre établi. Ou plutôt, la présence d’un élu qui en utilise un. Le scandale est là, dans le vote n°255 sur un amendement pourtant simple : permettre à un élue en fauteuil de... voter.

Voir la vidéo sur le débat et du vote de l’amendement au Sénat dans la vidéo suivante

341 votants. 320 voix exprimées.
114 pour. 206 contre. Résultat : rejeté.


Le Sénat, bastion de la bienséance républicaine, a préféré enterrer une proposition de bon sens sous les applaudissements à peine contenus d’une alliance aussi prévisible qu’écœurante : droite et extrême droite, soudées pour barrer la route à une réforme minime mais essentielle ; celle qui aurait enfin permis à une personne en fauteuil de prendre part aux votes, comme ses collègues.


Non, nous ne sommes pas dans un épisode de “Baron Noir“. Non, ce n’est pas une parodie de “Idiocracy”. C’est bien la République, version 2025. Le hic ? Les votes sont "assis-debout", comme le veut une tradition technique rétrograde. Résultat : le Député concerné militant de longue date pour les droits des personnes en situation de handicap, est tout bonnement exclu du processus.


Et plutôt que d’ouvrir la voie à une solution technique…pourtant à portée de main…la majorité sénatoriale a préféré des heures de débat stérile, emplies de sous-entendus gênants et d’atermoiements mesquins. La gêne était palpable. Pas celle de l’exclusion, non. Celle de devoir faire une exception à l’ordre établi.

Handicap ? Cachez ce fauteuil que je ne saurais voir.

Et quand une contre-proposition est apparue, que l’élu "demande" l’autorisation de voter à chaque fois, elle était empreinte de cette vieille logique charitable, condescendante et chrétienne : "pleurez, mendiez, on verra." Une humiliation institutionnalisée. À ce niveau, ce n’est plus un déni de démocratie. C’est une punition infligée à ceux qui osent exister malgré les normes imposées par la validité dominante.


La France a un problème avec le handicap. Elle le nie, le maquille, le relègue. Et lorsque quelqu’un tente de briser l’invisibilité imposée, le système se referme sur lui. C’est ce qui s’est passé cette semaine au Sénat. Une leçon de violence politique et une démonstration magistrale de la manière

dont l’institution peut exclure avec les formes.


À la tribune, c’était un fauteuil roulant. Dans l’hémicycle, des fauteuils bien plus rembourrés. Et dans les votes, une position ferme : la norme, ou rien.

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