Fauteuil roulant : enfin un remboursement ?

Pierre GUENNAZ

Réforme du remboursement des fauteuils roulants : Un enjeu crucial pour les personnes handicapées  

Le récent passage à l’Assemblée nationale du projet de loi porté par Sébastien Peytavie marque une avancée majeure dans le combat pour un remboursement équitable des fauteuils roulants pour les personnes handicapées.

Cette initiative, adoptée à l’unanimité le 3 décembre 2024, vise à corriger les graves lacunes du projet initial du gouvernement. Revenons sur les étapes clés de cette réforme et les enjeux qu’elle soulève. 

Le projet initial : une réforme controversée 

Le projet gouvernemental porté par la Direction de la Sécurité Sociale (DSS) s’inscrivait dans une promesse présidentielle de “zéro reste à charge” pour les fauteuils roulants.


Cependant, cette réforme a rapidement suscité l’inquiétude des acteurs du secteur et des associations, pour plusieurs raisons :


• Disparition des fauteuils coûteux adaptés : Les prix limites de vente (PLV) imposés excluaient de nombreux modèles de fauteuils roulants, rendant certains équipements inaccessibles, même avec une partie non remboursée.


• Pression sur les prestataires : Les tarifs envisagés mettaient en danger la viabilité des entreprises du secteur, menaçant jusqu’à 40 % des références de fauteuils roulants.


• Carence budgétaire : Aucun budget spécifique n’avait été prévu pour assurer une mise en oeuvre viable de cette réforme.


• Risque pour les usagers : L’accès à des fauteuils adaptés risquait d’être fortement limité, compromettant la mobilité et la qualité de vie des personnes handicapées.

La réponse de Sébastien Peytavie : un projet de loi ambitieux 

Sébastien Peytavie, seul député en fauteuil roulant, a dénoncé la réforme gouvernementale et ses conséquences désastreuses. À travers son projet de loi, il propose une approche radicalement différente :


• Remboursement intégral : Tous les fauteuils roulants seraient pris en charge par l’Assurance Maladie et les mutuelles, sans restriction de prix.


• Pas de PLV (prix limite de vente) : Contrairement au projet gouvernemental, aucun prix limite de vente ne serait imposé, permettant ainsi aux usagers d’accéder à des équipements adaptés à leurs besoins spécifiques.


Sébastien Peytavie s’est appuyé sur des témoignages concrets, y compris son propre cas, pour démontrer l’injustice du projet gouvernemental. Par ailleurs, il a su mobiliser l’opinion publique via une pétition ayant recueilli des milliers de signatures et un travail de lobbying auprès des associations et syndicats du secteur.

Un contexte politique exceptionnel 

Le passage du projet de loi Peytavie à l’Assemblée nationale s’est déroulé dans un contexte politique particulier :


• Motion de censure et démission du gouvernement : Le rejet de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et la démission du gouvernement ont créé un vide politique. Ce contexte a permis au projet de loi d’être adopté à l’unanimité par les députés, dans une volonté d’apaisement face à la crise institutionnelle.


• Blocage probable au Sénat : Le Sénat, à majorité présidentielle, pourrait s’opposer à ce texte. Depuis des années, les politiques budgétaires en place ont constamment réduit les financements alloués aux dispositifs pour les personnes handicapées.

Les prochaines étapes et les défis à venir 

Le projet de loi doit désormais être examiné par le Sénat. Cependant, plusieurs obstacles se dressent :


1. Pas de gouvernement en place : Sans gouvernement, la réforme ne peut être mise en application rapidement.


2. Risque de modifications : Le Sénat pourrait bloquer ou amender la loi, la vidant de sa substance initiale.


3. Application technique : Une fois adoptée, la réforme devra être traduite en nomenclatures et en tarifs par les administrations du ministère de la Santé.

Une victoire à confirmer 

La réforme proposée par Sébastien Peytavie est une avancée significative pour les droits des personnes handicapées. Elle met en lumière les insuffisances des politiques publiques actuelles et la nécessité d’une approche plus humaine et inclusive. 


Cependant, le chemin reste semé d’embûches, et l’issue dépendra largement des négociations au Sénat et de la capacité des acteurs à maintenir la pression sur les décideurs politiques.

Les financements du projet de Loi Peytavie 

Pour assurer le remboursement intégral des fauteuils roulants sans limite de prix, Sébastien Peytavie propose un financement basé sur des mécanismes réalistes et équitables :


• Réaffectation des budgets existants : Une meilleure allocation des fonds déjà dédiés aux dispositifs médicaux au sein de la Sécurité sociale, en priorisant les fauteuils roulants comme équipement essentiel.


• Implication des mutuelles : Le partage du coût avec les mutuelles complémentaires permet de répartir les dépenses entre différents acteurs tout en limitant l’impact sur les finances publiques.


• Économies indirectes : En améliorant l’accès aux fauteuils roulants adaptés, le projet réduit les coûts liés à la dépendance, aux hospitalisations, et aux complications médicales associées à un manque de mobilité.


• Contribution supplémentaire de la branche autonomie : Une légère augmentation des cotisations patronales ou un réajustement des contributions des entreprises pourrait compléter le financement tout en s’inscrivant dans une logique de solidarité nationale.


Le député Peytavie insiste sur le fait que cette réforme n’impliquera pas une hausse drastique des dépenses publiques, mais plutôt une redistribution et une coordination efficace des ressources.

Sources :

• Texte de loi : Assemblée Nationale

• Informations issues des communications de l’UNPDM et du député Sébastien Peytavie. 

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