La fausse promesse des Etablissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT)

Pierre GUENNAZ

Alors que notre Première Ministre, Elisabeth Borne, veut améliorer l’emploi des personnes handicapées, les sociétés ont trouvé un stratagème pour les exploiter.

Une question se pose : Travaillerez-vous 35 heures par semaine à la chaîne pour seulement 720 € par mois ? Voilà comment débute ma rencontre avec Tristan, travailleur en ESAT 


Les personnes employés dans les ESAT sont exclues des droits syndicaux. Ils ne remplissent pas un contrat de travail mais un contrat de soutien et d’aide par le travail. Ils n’ont pas la possibilité de se syndiquer pour défendre leurs intérêts et améliorer leurs conditions de travail et encore moins de bénéficier comme tout travailleur, de réduction du temps de travail (RTT). 


De plus, ces centres de travail sont souvent soumis à une pression constante du rendement, dans le but de satisfaire les besoins économiques des entreprises clientes. Cette situation renforce l’exploitation des travailleurs handicapés, qui sont contraints de se plier à des cadences de travail élevées, souvent au détriment de leur santé et de leur bien-être.

Éviter la taxe Agefiph par des achats aux ESAT :

Dans le but de remplir leurs obligations légales en matière d’emploi des personnes handicapées, certaines entreprises optent pour une stratégie sournoise : elles achètent des biens ou des services aux ESAT. 


En achetant des produits ou des services auprès de ces établissements, les entreprises réduisent leur contribution financière à l’Agefiph et évitent ainsi d’embaucher directement des personnes handicapées.


Dans leur quête de productivité accrue, certains ESAT ont adopté une approche problématique en embauchant à la fois des personnes socialement handicapées et des personnes ayant des problèmes intellectuels. Cette pratique a créé des conflits internes, entraînant une exploitation accrue, et par la même, une recrudescence des vols et agression a eu lieu.

Pour plus d’économies et de maintien des travailleurs handicapés à proximité de leur lieu de travail, certaines entreprises ont créé des foyers d’hébergement éloignés des centres-villes pour maintenir leur invisibilité. Ces foyers imposent aux travailleurs handicapés des frais de logement et de cantine supplémentaires, augmentant leur charge financière pour un meilleur contrôle. De plus, certaines entreprises les placent sous tutelle, limitant ainsi leur autonomie et facilitant leur exploitation. Cette combinaison de pratiques vise à maximiser l’exploitation des travailleurs.


Ces actes ont été vivement critiquées par l’ONU et récemment dénoncées par le Conseil de l’Europe. Cependant, il est préoccupant de constater que certaines personnes ou associations impliquées dans l’élaboration des lois sur le handicap s’opposent au changement de ces pratiques d’asservissement. 

Cette résistance à l’amélioration des conditions des personnes handicapées soulève des questions sur les conflits d’intérêts et met en évidence la nécessité d’une véritable volonté politique de garantir les droits et la dignité des travailleurs handicapés. 


Il est impératif de faire pression pour un changement effectif et de s’assurer que les décideurs agissent dans l’intérêt des personnes handicapées plutôt que de préserver des intérêts personnels ou organisationnels.

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