Les mots avancent, les droits reculent

Pierre GUENNAZ

Juvénal disait "Du pain et des Jeux", pour Macron, c'est de la communication pour les gueux

Sous le gouvernement Macron, les questions liées au handicap ont souvent été reléguées à l’arrière-plan, malgré des discours promettant l’inclusion et la solidarité. Cependant, derrière les annonces médiatiques, les réformes concrètes témoignent d’un recul manifeste des droits des personnes en situation de handicap. Ce double discours devient de plus en plus apparent, notamment à travers des décisions politiques qui impactent durement cette population vulnérable.

La loi ELAN et la régression de l'accessibilité

L’une des mesures les plus controversées est l’adoption de la loi ELAN en 2018, qui a drastiquement réduit le nombre de logements neufs accessibles.


Là où 100 % des logements devaient initialement être adaptés aux personnes handicapées, cette proportion a été réduite à seulement 20 %. Cette régression est perçue comme une trahison des promesses d’inclusion.


Pour les associations comme l’APF France Handicap, cette loi représente un pas en arrière majeur, compromettant les efforts d'accessibilité et exacerbant les inégalités.

En parallèle, la situation s'est aggravée avec la décision de l'Agefiph de supprimer le financement des formations pour les personnes handicapées.


Cette mesure a accentué l'exclusion socio-professionnelle de cette population, déjà confrontée à un marché du travail hostile. Pour beaucoup, cette suppression des aides à la formation est une atteinte directe aux droits des personnes handicapées, diminuant leurs chances de s'intégrer professionnellement et de maintenir une autonomie

Le double discours : promesses d'inclusion, réalité de l'exclusion

Face à la colère croissante des associations et à la mobilisation de la société civile, le gouvernement Barnier a cherché à répondre aux critiques en nommant Charlotte Parmentier-Lecocq au poste de Secrétaire d'État en charge du handicap.


Toutefois, pour beaucoup, cette nomination est perçue comme un simple geste symbolique visant à apaiser les tensions sans réels changements structurels.


Sous la direction du ministre des Solidarités, Paul Christophe, le handicap ne figure même plus explicitement dans le portefeuille ministériel, un signal fort du désengagement progressif de l'État sur ces questions.

Un gouvernement sous l’influence de l’extrême droite pragmatique ?

Avec l'influence croissante de l'extrême droite sur les politiques sociales, les personnes en situation de handicap, ainsi que d'autres groupes vulnérables, risquent de payer le prix fort.


Le discours sur la fraude aux aides sociales, souvent amplifié, devient un prétexte pour diminuer les prestations aux plus démunis.


Le gouvernement utilise cette rhétorique pour justifier les coupes dans les budgets sociaux, en ciblant particulièrement les populations vulnérables comme les personnes âgées et les personnes handicapées. Cette approche met en danger des décennies de progrès en matière d’inclusion.

Des perspectives inquiétantes pour l'avenir

La fracture sociale semble se creuser davantage sous l'ère Macron. Alors que la population valide bénéficie encore de certains privilèges, les plus fragiles subissent de plein fouet les effets de ces politiques.


En limitant l’accès à la formation, en réduisant les logements accessibles et en coupant les aides sociales, l'État laisse derrière lui une part croissante de la population. Les prochaines réformes du gouvernement Barnier risquent de faire basculer encore plus la France vers une exclusion systémique des personnes handicapées.


Le débat sur l’avenir des droits des personnes handicapées est loin d’être clos. Les prochains mois s’annoncent décisifs, et la manière dont l'État choisira de gérer ces enjeux pourrait bien révéler l’étendue de la fracture sociale en France.

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